au Théâtre Poème 2

D’une qualité digne d’admiration ! Remarquable ! « Alexis ou le traité du vain combat » Alexis écrit une lettre à sa femme, Monique, qui vient d’accoucher. Il lui explique pourquoi il la quitte. Ce « portrait d’une voix » de Marguerite Yourcenar ne laisse pas le spectateur insensible. Alexis, benjamin de la famille, chétif, isolé, raconte son enfance, sa jeunesse, l’attrait de la musique, sa découverte de la beauté masculine, sans jamais nommer l’homosexualité. « Je ne t’aimais pas », un aveu, tout en retenue, en douceur et en émotion.

Seul en scène, Pascal Parsat, reprend, avec pudeur et profondeur, le rôle d’Alexis qu’il a tenu en 2003. Un professionnel de la maîtrise du verbe et de l’expression corporelle. Il est lui-même auteur, metteur en scène et professeur d’art dramatique aux Conservatoires de Paris.

La dignité et la réserve avec lesquelles Pascal Parsat habite le rôle d’Alexis libèrent avec aménité le dit et le non-dit, les scrupules, la tendresse, la souffrance. « Je vous demande pardon, le plus humblement possible, non pas de vous quitter, mais d’être resté si longtemps. »

L’écriture de l’auteur couvre les murs de la première scène. Le piano, la montre, le vêtement de la mère, la cigarette complètent le fil rouge, cher à la metteuse en scène, Monique Lenoble. Chaque objet trouve sa juste place dans un décor étudié, chargé de sens.

Spécialiste de Marguerite Yourcenar, Michèle Goslar, dont l’ouvrage « Yourcenar en images » sortira sous peu aux éditions Racine, a aménagé la longueur du texte sans toucher ni à l’écriture ni à la chronologie du récit. Comme dans « Marie-Madeleine ou le salut », les imparfaits du subjonctif, tous respectés, contribuent à la musicalité et à l’harmonie du texte.

Marguerite Yourcenar a disparu le 18 décembre 1987. « Alexis ou le traité du vain combat », extrait de « Feux » (1936), exprime le propre désarroi de l’auteur et le mal-être de ceux qui se cherchent une identité sexuelle. Ce spectacle théâtral touche à l’humain, à ce que nous sommes, aux relations fils-mère, au sens de la vie, à l’universel.

À voir absolument au Théâtre Poème 2, à Bruxelles (30, rue d’Écosse), jusqu’au 17 décembre 2017.

www.theatrepoeme.be

reservation@theatrepoeme.be

Tél. : 02 538 63 58

Michèle Lenoble-Pinson